Quel est le rôle d’un psychomotricien ? Comment savoir si mon enfant à besoin d’une prise en charge ? À quoi s’attendre ? Marie-Agnès Dussauze Chami, psychomotricienne, répond aux utilisateurs du service DoudouCare

 

Quelques mots pour vous présenter

Diplômée d’Etat en psychomotricité, j’exerce en crèche et en libéral. Je suis une vraie passionnée et pour répondre toujours plus aux besoins des parents et de leurs enfants, je continue de me former en permanence: Portage, Massage Contenant parent-bébé, Massage Femme Enceinte, Massage Abhyanga…. Je réalise aussi des formations auprès d’autres professionnels de santé.

 

La profession de psychomotricien reste encore peu connue du grand public en France. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre métier ? Comment s’articule t-il dans le parcours de soin de l’enfant ?

Le psychomotricien est un auxiliaire médical. Il considère le patient dans sa globalité en prenant en compte ses dimensions psychiques, affectives, physiologiques et motrices. Du nourrisson à la personne âgée, la mission du psychomotricien est d’aider le patient à retrouver une harmonie, un mieux-être dans son corps.

L’enfant peut souffrir de troubles du mouvement, du comportement, de l’attention, de l’estime de soi…  Le jeu, l’expression corporelle, les parcours, les expériences sensorielles, la relaxation (…), sont autant de médiations utilisées pour réduire les troubles de l’enfant. La relation entre le thérapeute et le patient conditionne la qualité de la thérapie.

Les parents rencontrent un psychomotricien sur prescription médicale. Celui-ci effectue un bilan en une ou plusieurs séances et détermine un projet thérapeutique adapté aux troubles de l’enfant. Dans certains cas, la psychomotricité peut être complémentaire de prises en charges en kinésithérapie, orthophonie, orthoptie, ergothérapie, ostéopathie, psychothérapie ou psychiatrie. Un médecin coordonne toujours le parcours de soin dans sa globalité.

 

Pourquoi avoir choisi d’exercer ce métier ?

J’ai toujours voulu être dans le domaine du soin et plus spécifiquement me consacrer aux enfants. Mon expérience en CAMPS (Centre d’Action Médico-Sociale Précoce) a confirmé mon intérêt pour le métier de psychomotricien. J’aime pouvoir aider l’enfant en travaillant de manière ludique et en lui faisant prendre conscience de l’harmonie de son corps et  de ses mouvements.

 

Quels sont les principaux domaines d’intervention d’un psychomotricien chez l’enfant ?

Le psychomotricien intervient sur un large périmètre. Auprès du nourrisson, il va l’accompagner dans son développement en cas d’handicap avéré, de retard psychomoteur et/ou de troubles de la relation.

Pour les enfants d’âge scolaire, d’autres troubles sont traités comme ceux du mouvement ou du geste (comme la dyspraxie), du comportement (agressivité, inhibition…), de la relation (Troubles Envahissants du Développement ou troubles autistiques), de l’estime de soi (déprime, anxiété…), des Troubles Déficitaires de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA/H), de dysgraphie, dyslexie, ou divers autres troubles de l’apprentissage (lecture, calcul, mémorisation…).

 

Comment se déroule une séance-type ?

Chaque projet thérapeutique étant adapté aux troubles du patient, il n’existe pas réellement de séance type.

Souvent, une séance en psychomotricité dure de 30 à 45 minutes selon l’âge de l’enfant. Pour ma part, je privilégie des séances d’1 heure. Ainsi, cela me permet d’avoir de la souplesse et de m’adapter au mieux à l’état, la forme et la disponibilité de l’enfant sur le temps de la séance.

Pour les enfants d’âge préscolaire, un parent reste tout le long de la séance. L’enfant est alors rassuré par cette présence, et tout en travaillant avec lui, nous discutons avec le parent de sujets divers mais tout aussi essentiels (sommeil, repas, éducation, inquiétudes …).

Pour les enfants plus grands, j’accorde 45 minutes effectives de rééducation avec l’enfant, en individuel. Puis le parent nous rejoint les 15 dernières minutes afin de « débriefer » sur la séance de l’enfant, et de discuter sur ce qu’il se passe à la maison et à l’école. Ces temps d’échanges sont pour moi essentiels : il est impossible de soigner un enfant sans prendre en compte le soin et la santé de sa famille et de son entourage immédiat. Ces temps peuvent aussi me permettre de détecter des dépressions maternelles, souvent mises en second plan par rapport à l’enfant. Soigner l’enfant ne suffit pas si le parent est en souffrance. Guider et orienter celui-ci vers des professionnels compétents font partie intégrante de la prise en charge de l’enfant.      

 

Quels sont les signes auxquels un parent doit être attentif pour déterminer s’il doit amener son enfant à consulter un psychomotricien ?

Le parent sera susceptible d’amener son enfant à consulter en cas de retard de développement dans les 3 premières années, de troubles d’apprentissage à l’école, de troubles de la motricité globale ou fine, de troubles de comportements, d’attention, d’anxiété ou dépression…

Dans tous les cas, il est important de prendre l’avis de son médecin traitant, instituteur ou tout autre praticien (orthophoniste, psychologue, etc…) qui interagit avec l’enfant.

 

Un dernier mot à ajouter ?

Actuellement, la psychomotricité n’est pas prise en charge par la sécurité sociale. Toutefois, certaines mutuelles peuvent rembourser une partie des actes. Les différents syndicats de psychomotriciens travaillent à une meilleure prise en charge de leurs actes.

Dans certains cas, lorsque les troubles mettent le patient en situation de handicap, un dossier auprès de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) permet d’’obtenir des allocations pouvant financer la prise en charge en psychomotricité jugée nécessaire.